Minecraft, World Of Warcraft ou Fortnite vous semblent dérisoires ? Détrompez-vous, ces jeux vidéo sont des espaces parfaits pour développer des soft skills telles que la coopération, la persévérance ou encore l’adaptabilité.
Le nombre de gamers en France est loin d’être négligeable : près de 38 millions de personnes sont amatrices de jeux vidéo, dont 88 % d’adultes, d’après une étude SELL. 53 % jouent d’ailleurs régulièrement.
En tant que RH, comment tirer parti de cette passion partagée par de nombreux talents qui semble décupler un large panel de compétences ? En effet, une étude américaine publiée en octobre 2022 démontre une amélioration des performances cognitives des gamers. Ces derniers développeraient de meilleures capacités concernant la mémoire, l’organisation et la gestion de conflits que les non-joueurs. En fonction du type de jeu, d’autres aptitudes sortent du lot, telles que la créativité, l’adaptation et la résolution de problèmes complexes.
Ainsi, l’univers professionnel actuel, en pleine mutation, gagnerait (sûrement) à mieux détecter et valoriser les « Game skills ».
Les gamers ont une vraie appétence pour la beauté de l’image : ils sont sensibles à la représentation du réel dans un monde virtuel. En se posant la question de la retranscription de la réalité, ils la questionnent de fait. Ce regard artistique apporte une approche neuve sur l’environnement, ce qui développe l’esprit critique et le fameux « pas de côté ». C’est une compétence-clé, car ce prisme parfois divergent permet de faire bouger les choses. Il offre une vraie prise de recul dont nous avons besoin au sein des organisations. Cette vision du monde permet de questionner la réalité et, par extension, d’innover. En entreprise, on parle parfois de « corporate hackers », des personnes dotées d’une vision disruptive, qui n’ont pas peur de porter de nouvelles initiatives en bousculant l’ordre établi.
Les jeux virtuels en équipe permettent de développer des compétences sociales et collectives très pertinentes : Les gamers ont une culture naturelle du travail en équipe et de la coopération : le jeu en réseau est synonyme d’écoute, il faut savoir composer avec les autres et co-construire en fonction de l’expérience d’autrui. C’est particulièrement visible via le système de « guilde » : une communauté regroupée autour d’un ou plusieurs jeux et régie par une organisation hiérarchique. Ceci permet aux participants de connaître le fonctionnement d’un collectif organisé, de déployer une dynamique collective pour atteindre des objectifs communs et de comprendre les logiques d’influence. Autre aspect à ne pas négliger Lorsque l’on conçoit un jeu vidéo, les équipes s’appuient sur le principe de co-construction itérative : elles se fondent sur l’avis de tous, des joueurs également, pour imaginer l’univers le plus adéquat possible. Le collectif compte donc, du concepteur à l’utilisateur, apportant une vision produit 360° couplée à une écoute équitable de tous les acteurs : une belle inspiration pour transformer les organisations et tendre vers plus de transversalité et de respect des parties prenantes. « Les jeux de simulation favorisent la résilience et la gestion du stress.
Les jeux de stratégie, d’investigation, de rôle ou de quêtes, améliorent la persévérance, la gestion de l’échec et la prise de décision des joueurs. En effet, les gamers sont amenés à adapter sans cesse leur comportement et à développer des solutions pour survivre et gagner ! Dans un monde instable et complexe, notre capacité d’adaptation est indispensable. Les jeux de simulation, parce qu’ils mettent les participants face à des problématiques multiples et des obstacles, favorisent la résilience et la gestion du stress, mais aussi à la capacité à innover ou encore résoudre des problèmes ou des énigmes. Par analogie avec l’univers professionnel, ces compétences sont capitales pour réussir des projets complexes, changeants, internationaux ou encore agiles. Plus globalement, ces jeux ont aussi vocation à développer les capacités cognitives, telles que l’analyse rapide d’une situation et y répondre avec persévérance.
Les jeux vidéo nourrissent aussi l’imaginaire des gamers, dopant ainsi leur créativité. Leurs cerveaux sont donc plus « exercés » à produire des solutions disruptives face à des défis ou des problématiques complexes. Les concepteurs de jeux soulignent notamment les compétences particulières des créateurs de jeux vidéo : « Ils sont souvent dotés d’une vision globale pour imaginer une expérience unique. Ils sont capables de coordonner les différents aspects d’un projet, qu’ils soient artistiques, marketing ou financiers ».
Leur secret ? Ils et elles s’appuient sur la maîtrise du « game design », un processus de création rigoureux de mise au point des règles et des éléments constitutifs d’un jeu. La plus connue est « la règle des 3 C » pour camera (caméra), control (commandes), character (personnage) : trois éléments interdépendants et considérés comme cruciaux dans l’élaboration du système de jeu. Ce triptyque intellectuel exige cohérence, rigueur et empathie : « Il s’agit de toujours se mettre à la “place de” pour faire vivre une expérience ». Une discipline qui peut servir de nombreuses fonctions : RH, commerciales, managériales, etc.
Ainsi, si les game skills semblent très pertinentes dans le contexte professionnel actuel, les processus de recrutement sont amenés à évoluer. Les recruteurs doivent apprendre à (mieux) les détecter et, côté candidats, l’enjeu reste de valoriser leurs soft ou mad skills avec habileté au sein de leur candidature.