L’évolution de la nouvelle génération dans le monde actif indique une tendance au Peterpanisme.
Mais de quoi parle-t-on exactement ? En quoi ces éléments deviennent des atouts essentiels dans l’entreprise d’aujourd’hui et de demain ? Quand le Peter Pan en chacun de nous s’impose comme une figure positive au travail.
Vous avez plus de 26 ans et vous êtes encore étudiant ? Vous vivez encore chez vos parents? Le mot « adulte » vous donne des boutons (d’acné bien sûr) ? Vous « kiffez » de faire trois mémoires tout en courant les soirées zinzins ? Vous êtes ok pour avoir une petite amie mais faudrait pas non plus précipiter mariage, enfants, tout ça, tout ça… Et puis, le monde du travail, c’est un peu la mort du fun et de la liberté, non ?
Vous vous êtes reconnus ? Vous cochez un bon nombre de cases et ça vous inquiète?
Pas de panique, vous n’êtes pas malade ! Non, vous avez, en partie, ce qu’on appelle le syndrome de Peter Pan ou encore le Peterpanisme. Késako? On vous explique.
C’est en 1983 qu’un psychologue américain, Dan kiley, décrit le fameux syndrome et ses aspects comportementaux. Avec le temps, ce refus de grandir et de s’engager ou de prendre des responsabilités va devenir un symptôme régulier et fournir de nombreuses réflexions tout au long des décennies.
Désormais, on a tous en nous quelque chose de Peter Pan, cette volonté de repousser l’âge adulte ou en tout cas d’en écarter ou reculer certains aspects. Bref, passer la nuit à jouer sur votre console de jeux au lieu d’être responsable et de se coucher tôt, repousser la sortie des études, avoir peur d’entrer dans la vie active, hésiter longuement à se marier ou faire un enfant, etc.
Vous l’avez compris, on est tous passés par là ! Que l’on appelle cela syndrome Peter Pan, adulescence ou encore Tanguy, c’est un réel phénomène de société encouragé par les médias et entretenu par le marché : il faut rester jeune, ne pas vieillir et s’en revendiquer.
Cette peur de la maturité serait-elle un handicap ? Faut-il s’en inquiéter ? Bien sûr, personne ne peut rester un enfant toute sa vie, mais cultiver l’enfant intérieur ou l’ado en soi tout en acceptant certaines responsabilités d’adulte est véritablement à la mode, y compris sur le marché du travail en plein boom juvénile et technologique.
Le monde a muté et les patrons classiques d’hier ont cédé la place à de jeunes chefs d’entreprises cool et en phase avec l’évolution de la société. La vision du travail et ses outils changent ainsi à toute vitesse.
Finis les bureaux austères et froids ! Baby foot et consoles de jeux vidéos, terrains de jeux, défis et animations d’équipe, désormais le lieu de travail épouse la devise des adulescents : « travailler en s’amusant » ! Tout doit être ludique pour séduire le jeune, ou moins jeune, salarié. Car ne vous y trompez pas jeune adulescent, vous devenez non seulement un phénomène de société mais aussi un véritable avantage pour votre entreprise !
La créativité et l’innovation sont désormais les maîtres mots dans toutes les stratégies d’entreprise. Or qui mieux qu’un esprit libéré des contraintes limitantes d’adultes avec un regard neuf et un esprit sans barrières peut inventer des idées hors normes qui pourraient devenir le futur Facebook, Google ou Amazon?
« Les gens qui ne sont pas conditionnés ont des pouvoirs magiques » Michael Jackson (Un Peter Pan célèbre)
Redevenez des enfants pour imaginez plus loin, plus grand ! Retrouvez l’ado ou l’enfant qui sommeille en vous ! Voilà quelques injonctions magiques de la start-up branchée.
Alors, en voilà une bonne nouvelle : « We want you » !
Cependant, face à certaines insécurités du monde du travail, le Peter Pan des temps modernes se transforme parfois en « génération boomerang ». Après avoir été Tanguy et avoir su quitter le foyer familial pour assumer bon gré mal gré un rôle d’adulte, le voilà de retour chez ses parents et ne voulant plus quitter les études par peur du marché du travail ou par ambition d’augmenter son CV de nouveaux diplômes.
Catastrophe ? Pas du tout ! Le profil d’éternel étudiant est attendu là aussi par les entreprises. Tandis que le marché devient de moins en moins stable et sécurisant pour le salarié d’autrefois, ce sont justement les capacités de flexibilité, d’invention et d’adaptation ou de formation en permanence qui sont recherchées par le monde actuel du travail.
Non, devenir actif ne se résume pas à affronter la jungle et à quitter la joie, la solidarité et l’apprentissage des milieux étudiants. Pour ceux qui couvés par des « parents hélicoptères » (parents trop protecteurs pour rendre les enfants indépendants) auraient peur d’être désormais seuls face aux responsabilités d’un emploi, rassurez-vous !
On vous le redit : on a besoin de vous et beaucoup d’entreprises évoluent vers vos besoins. Le recrutement actuel combine à la fois hard, soft et mad skills, c’est-à-dire vos diplômes et compétences scolaires mais aussi vos capacités à évoluer en équipe, votre intelligence émotionnelle tout comme vos loisirs et hobbies personnels. Votre personnalité est un tout qui apporte ce grain de folie dont raffolent certaines entreprises. Il y a donc de bonnes raisons de croire que vos craintes peuvent facilement disparaitre avec des offres de plus en plus adaptées aux nouveaux profils des éternels étudiants.
Parmi les tendances observées dans le rapport des jeunes diplômés au travail, le Peterpanisme émerge de façon notable. Certains accumulent les années d’études reculant sans cesse le moment de se lancer dans le monde du travail.
Retour aux origines du concept du Peterpanisme pour mieux comprendre le présent.
Tout le monde connait le personnage inventé en 1902 par l’écossais Sir James Matthew Barrie et popularisé par le film d’animation Disney de 1953.
Peter Pan, c’est cet enfant qui refuse de grandir, de devenir adulte, vivant dans un pays imaginaire (Neverland) au milieu d’autres enfants. Tout n’y est que jeux et insouciances. Un pays où les adultes sont exclusivement représentés par de méchants pirates.
C’est à partir de ce personnage qu’un psychanalyste américain, Dan Kiley, développa une théorie en 1983 dans son ouvrage : Le syndrome de Peter pan, ces hommes qui ont refusé de grandir. (The Peter Pan Syndrome : Men Who Have Never Grown Up )
Si ce « syndrome » n’a jamais été considéré comme une maladie mentale, on constate qu’il est désormais une notion acceptée pour désigner le comportement des jeunes adultes, entre 25 et 45 ans, qui semble refuser le passage de l’enfance à l’âge adulte avec son cortège de responsabilités et enjeux.
Dan kiley dirait : « hommes de par leur âge, et enfants par leurs actes ».
Le psychologue dresse ainsi des signes cliniques assez précis pour caractériser son syndrome: tendance à la procrastination, difficulté à l’engagement en amour ou en amitié, solitude et isolement, incapacité à exprimer ses émotions, etc.
Ses travaux ont depuis été fort discutés et critiqués : selon lui, cela concernerait surtout les hommes. Cette vision n’est plus aussi évidente que dans la société des années 50. En effet, certaines jeunes femmes d’aujourd’hui remplissent aussi ces critères.
Et puis, soyons honnêtes, si procrastiner et avoir peur des responsabilités ou de l’engagement nous enferme automatiquement dans la case « Peter Pan », nous sommes nombreux à l’avoir été.
Alors, qu’en est-il ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Peter Pan, adulescent ou Tanguy?
On constatera l’évolution du concept avec l’apparition de nouveaux mots-clés désignant plus ou moins le même phénomène : adulescence, jeunisme, jouvencellisme, Tanguysme, nold etc.
Une chose est sûre: depuis les années 50, on ne cesse de remanier la trouvaille du Doc kinley !
Si le film « la fureur de vivre » (1955), avec James Dean, semble montrer le mal-être d’une jeunesse post seconde guerre mondiale, tout semble s’accélérer avec les 60’s et l’esprit Rock/Hippie.
La jeunesse mondiale en 1968 est en plein décalage et rejet des valeurs de ses aînés. Fini le modèle viril et autoritaire version « Mad men », place à la libération sexuelle, au Rock et aux drogues psychédéliques ouvrant les portes de la perception chères à Aldous Huxley et aux Doors.
Il faut profiter de la vie et à toute vitesse si possible : « Born to be wild », bande son du film Easy rider (1969), devient l’hymne de toute une génération.
Alors que dans les époques précédentes, on passait directement de l’enfant à l’adulte (certains généraux de Napoléon avaient 17 ans), il existe désormais une nouvelle catégorie d’âge intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte : l’adolescence… Partout, la jeune génération, celle des yéyés et du Baby-boom pour la France, vit de musique, de fêtes, d’études prolongées et retarde son entrée dans le monde du travail ou de la famille.
Être adulte n’est plus un objectif mais un repoussoir.
Les années 80 et 90 vont accentuer ce phénomène: on s’habille jeune, on pense jeune, on vit jeune ! On est un cadre dynamique yuppie après avoir été hippie… Fini les paradis psychédéliques et le chichon, bonjour paradis fiscaux et actions !
Les années 2000 viennent couronner l’évolution du concept avec le film français «Tanguy » (2001) et la popularisation du mot « adulescent » (concept développé par le controversé Tony Atrella, psychothérapeute français), désignant ces jeunes adultes qui veulent prolonger leur adolescence à tout prix.
L’âge adulte est donc bien en état de crise depuis longtemps. Les jeunes ne veulent pas grandir et les vieux veulent rester jeune éternellement, on entre dans la maturescence, la maturité qui ne fait pas le deuil de la jeunesse selon la sociologue Claudine Attias.
Le marketing va vite s’emparer de cette obsession du « rester jeune » : Jeux vidéo, Funko pop, objets de collections, retour du Vinyl… Le marché investit cette manne du jeunisme vintage, tout pour replonger dans votre jeunesse et ne plus la quitter. (Casimir a encore de beaux jours devant lui)
L’avenir est angoissant avec la présence du chômage de masse et des incertitudes économiques et sociales. Si l’ouvrier d’usine se consolait de sa condition d’exploité à travers la solidarité de classe, c’est désormais derrière sa console de jeux video que l’adulescent se crée un monde virtuel avec sa communauté de joueurs.
L’apparition des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat, Twitch, TikTok) n’a fait que confirmer cette tendance. L’adulescent devient alors un jeune adulte vivant chez ses parents et se réfugiant dans le virtuel pour fuir les dangers du monde réel. Les otaku du japon, jeunes addicts au monde virtuel, inadaptés au monde réel, deviennent alors la hantise des sociétés modernes.
Qu’importe, on l’a vu, la société va s’adapter à ces nouveaux comportements et transformer l’essai. Plus que jamais connectés et pleines de surprises, les nouvelles générations Y ou Z sont capables de renverser leurs faiblesses en forces.
Le défi du Peterpanisme est relevé, attendez-vous à d’autres challenges surprenants, le meilleur reste à venir !